Après avoir découvert le kayak à l’âge de 10 ans, puis le kayak de mer, Annabelle s’inscrit en filière sport étude au collège de Pontivy, avant d’intégrer en 2017 le Lycée professionnel Maritime et Aquacole d’Étel en classe de seconde Bac Pro.
Annabelle a aujourd’hui 18 ans, et termine sa dernière année de Bac Pro Conduite et Gestion des Entreprises Maritimes option Pêche.
Elle a grandi à Montertelot, près de Ploërmel, au cœur du Morbihan, le long du canal de Nantes à Brest. Elle avoue volontiers être active et vouloir fuir l’ennui et la routine.
Annabelle est passionnée par la pêche, si bien que lorsqu’on l’interroge sur les dangers du métier, ou les moments marquants qu’elle a pu vivre, elle ne répond pas tout de suite. Comme si l’amour du métier faisait oublier les moments pénibles… D’ailleurs elle ne retire aucune fierté particulière, car être une femme sur un navire de pêche n’a rien d’anormal.
Nous avons rencontré Annabelle pour lui poser quelques questions, alors qu’elle s’apprête à quitter Étel pour naviguer vers d’autres horizons, après avoir marqué nos esprits par sa ténacité et son énergie.
Annabelle, pourquoi as-tu choisi de t’inscrire au Lycée Professionnel Maritime d’Étel ?
Mes parents ont effectué des recherches sur Internet et m’ont proposé ce lycée car c’est le plus proche de chez moi, et qu’il offre un hébergement en internat pour les filles.
Pourquoi as-tu voulu t’orienter vers la pêche ?
Les ateliers auxquels j’ai assisté durant ma semaine de mini-stage au LPMA d’Étel m’ont donné envie de m’orienter vers ce métier. Et puis j’aime être sur l’eau...
Comment ton entourage a-t-il réagi à l’annonce de ton choix de travailler à la pêche ?
Mes parents n’étaient pas d’accord avec ce choix. Ils avaient peur, trouvant ce métier dangereux. Et puis ils ont peut-être pensé que c’est encore plus difficile pour les femmes.
Quelles sont les réactions que tu rencontres lorsque tu évoques ton futur métier et tes études ?
En général, les personnes à qui je parle de ma formation et de mon futur métier éprouvent de la curiosité. Elles me disent que ce n’est pas très commun et me posent des questions. Les gens sont plutôt étonnés.
Quelle a été ta 1ère expérience à la pêche ?
Lors de mon stage de Seconde, j’ai embarqué à bord du Naoned à Lorient pour effectuer un stage d’un mois. Nous pratiquions la pêche au chalut. Nous partions à la quinzaine et débarquions le poisson tous les trois jours à la criée de Lorient. Ce stage m’a beaucoup plu. J’ai de nouveau embarqué sur le Naoned l’année suivante pour mon stage de Première. Cette fois-ci nous pêchions à la senne danoise.
Qu’est-ce qui te plaît dans la pêche ?
J’aime avant tout être sur l’eau. Travailler à la pêche c’est aussi pour moi ne jamais souffrir de la routine, d’avoir toujours une dose d’adrénaline au quotidien.
Quels sont les freins que tu peux rencontrer dans ton milieu pro et au lycée ?
Je ne souviens pas en avoir rencontré lors de mes expériences embarquées ou durant ma scolarité lycée maritime.
Ton anecdote la plus marquante à la pêche ?
Je ne sais pas… Je n’ai jamais eu peur….
Il y a bien eu des moments plus forts que d’autres ?
Oui, il y a eu des accidents, comme lorsque la grue du port de Lorient est tombée à pic sur le Naoned alors que j’étais dans la cale… Heureusement elle a été retenue par le bastingage !
Tu n’as jamais essuyé de tempête ?
Si ! Par exemple à bord du Jean-Pierre Le Roch, un navire de 45 mètres sur lequel j’ai effectué mon dernier stage à l’automne 2019. Nous avons essuyé une tempête durant deux jours, à l’ouest de l’Écosse, avec des creux de 11 mètres. Mais ça allait...
Comment as-tu été accueillie par les équipages des navires sur lesquels tu as embarqué ?
Jusqu’à maintenant, j’ai toujours été la seule femme à bord, et j’ai toujours été très bien accueillie. Je n’ai jamais vraiment ressenti de différence avec mes collègues masculins.
Quelle est l’expérience que tu as préféré à ce jour ?
Je ne sais pas. Mes expériences ont toutes été différentes. Et j’aime vraiment toutes les techniques de pêche que j’ai pu expérimenter.
De quoi es-tu le plus fière aujourd’hui ?
Je ne suis pas particulièrement fière de ce que je fais, pour moi tout ça est très « normal ».
Quel sont tes projets pour l’année à venir ?
Je pars cet été à Paimpol pour embarquer sur un navire qui pêche à la palangre. J’intégrerai ensuite le Lycée Maritime du Guilvinec en septembre, pour y suivre un BTS maritime option Pêche et gestion de l’environnement maritime.
Quel est ton projet professionnel ?
Je veux naviguer, peu importe la technique de pêche, du moment que je pêche…
